05/02/2017
Tant qu’on est ensemble
Ils sont quatre. Deux garçons, deux filles. Mais ils ne forment pas deux couples. Ces quatre-là font « bande à part » tous les 31 décembre depuis qu’ils se sont rencontrés. Nourris de comics américains et particulièrement des Quatre Fantastiques, ils se rejoignent dans cette soirée rituelle depuis dix-huit ans. Sur scène, — honneur aux demoiselles – la pétulante Stéphane (Carole Deffit), qui porte un prénom peu courant pour une femme en hommage à Stéphane Audran, qui elle ne s’appelait pas Stéphane, l’avisée Victoire (Valérie Zaccomer), le beau Ruben (Fabian Richard), et « le plus jeune PDG de France », Anthony dit Titoune (Alexandre Faitrouni). Et nous allons découvrir leur histoire en reculant, en chansons, du 31 décembre 1999 au 31 décembre 1981.
Gaëtan Borg et Stéphane Laporte, les librettistes ont écrit ici, (musique de Stéphane Corbin qui les accompagne au piano), une charmante comédie musicale intitulée sobrement, 31. Virginie Lemoine ajoute pudeur et doigté à son talent de metteure en scène. En effet, l’intrigue amoureuse chante les amours de Ruben et d’Anthony, sans que personne, dans la salle ne s’en offusque.
Histoire d’amour, mais surtout d’amitié, puisque : « Le jour où l’on se perd, on sait vers qui aller ». Car les deux femmes, qui ont fait leur vie par ailleurs, tiennent à maintenir ce rendez-vous, et les deux hommes ont erré avant de s’avouer leur amour. Mais « tant qu’on est ensemble, il ne peut rien nous arriver »… de fâcheux
Les comédiens, souvent en noir (Costumes Cécilia Sebaoun) effectuent eux-mêmes et à vue les changements du décor (Grégoire Lemoine) en écartant, ou rapprochant, deux blocs blancs pour les murs et quatre caisses-tabourets pour les meubles, et en modifiant à jardin, le panneau dateur, les lumières de Denis Koransky réduisent ou dilatent l’espace.
On parle légèrement de la gravité de la vie, des différences, des préjugés.
Les voix sont agréables, les chansons séduisantes, on leur souhaite tous les soirs un public enthousiaste comme celui de la première…
Photos : © Anthony Klein
31, comédie musicale de Gaétan Borg et Stéphane Laporte, musique de Stéphane Corbin
Mise en scène de Virginie Lemoine
Studio des Champs-Elysées
01 53 23 99 19
Du mardi au samedi à 21h
dimanche à 16h
www.comediedeschampselysees.com
18:33 Écrit par Dadumas dans Blog, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : comédie musicale, studio des champs-elysées, virginie lemoine, gaëtan borg et stéphane laporte, stéphane corbin | Facebook | | Imprimer
03/07/2016
Une poupée souriante
Gaston Leroux fut le maître du roman feuilleton populaire, et un virtuose des mystères policiers qui passionnent toujours les amateurs d’énigmes. En 1976, Marcel Cravenne tourna une série de six épisodes de La Poupée sanglante où Jean-Paul Zehnacker tenait le rôle de Bénédict, le monstre étrange et sensible. Aujourd’hui, Didier Bailly et Éric Chantelauze font du roman une comédie musicale.
Et, puisqu’il faut tout faire dans ce métier, Éric Chantelauze la met en scène, pendant que Didier Bailly accompagne au piano trois comédiens chanteurs qui interprètent avec subtilité quinze rôles totalement différents, dans une intrigue invraisemblable où le fantastique et l’absurde se mêlent.
Charmotte Ruby, à la voix pure et délicate, est Christine, au « visage de madone » mais vierge pas très sage, elle attise les sentiments amoureux. Elle devient aussi la môme Langlois, femme de ménage bavarde et médisante, puis, prêtresse cruelle d’une secte orientalisée, (Costumes de Julia Allègre). Edouard Thiebaut à la voix chaude passe aisément du rôle de père noble à celui de Bénédict, le « crapaud crapahutant » à moins qu’il ne soit la « machine à assassiner ». Alexandre Jérôme, voix charmeuse est le marquis vampire mais aussi la marquise exsangue ! Sans compter les petits rôles, complices, témoins, ou accusateurs que l’action entraîne dans une sarabande diabolique (Chorégraphie : Cécile Bon), dans un décor minimaliste d’Erwan Creff, éclairé par Laurent Béal.
Loin des affres du Grand Guignol, La Poupée sanglante serait plutôt une poupée souriante !
Photos © Fabienne Rappeneau.
La Poupée sanglante de Didier Bailly et Éric Chantelauze
Théâtre de la Huchette
Du mardi au vendredi à 21 h
samedi 16 h et 21 h
01 43 26 38 99
16:37 Écrit par Dadumas dans Blog, cabaret, humour, Littérature, Livre, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, musique, comédie musicale, théâtre de la huchette | Facebook | | Imprimer
11/06/2014
À Loches ou à Paris
Feydeau avait écrit un vaudeville sans chanson ! Erreur fatale ! comme dirait aujourd’hui votre ordinateur. Heureusement, Hervé Devolder et Jacques Mougenot ont réparé cette faute et nous découvrons Les Fiancés de Loches dans une prime jeunesse, une comédie musicale !
Dans l’art de la comédie, Georges Feydeau excelle, car la technique du quiproquo n’a pas de secret pour lui. Laure Gévaudan (Christine Bonnard), et ses frères, Alfred (Biry-Vicente), et Eugène (Franck Vincent), sont venus à Paris chercher « de bons partis » par l’intermédiaire d’une agence matrimoniale. Mais l’agence est sous scellés, car le « comptable/misérable » s’est enfui avec la caisse. L’employé, Plucheux (Patrice Latronche) prie donc les clients éventuels de s’adresser « au premier étage » où son ami Séraphin (Fabrice Fara) tient une agence de placement. Et, puisque lui-même cherche maintenant du travail, il en profite pour demander un emploi. Justement, le docteur Saint-Galmier (Arnaud Denissel) a besoin d’un doucheur-masseur pour son établissement, le « Louvre hydrothérapique », et de trois domestiques (groom, maître d’hôtel et cuisinière) pour son appartement privé car il se marie avec la belle Léonie (Clara Hesse) que Rachel (Claudine Vincent) sa sœur, une vieille fille, chaperonne. Plucheux trouve donc immédiatement du travail comme doucheur. Mais surgit alors Michette (Charlotte Filou), la maîtresse que Saint-Galmier laisse tomber, et comme la famille Gévaudan fait irruption dans l’agence, les malentendus vont pleuvoir !
Méprises, disputes, mensonges, courses-poursuites, disputes se succèdent… Et le spectateur de jubiler !
Jacques Mougenot et Hervé Devolder secondent le génie de Feydeau. Le premier transforme, presque tous les dialogues en couplets légers et amusants qui en respectent le sens et la saveur. Et toute la file d’attente du bureau de placement, avec ses « chômeurs » exaspérés donne le ton satirique, dès la première scène. Et quelle verve inventive, au deuxième acte, sur les jeux de mots de « je dis /jeudi », et « ça me dit/samedi ». On pense aux compositions de Mireille et Franc-Nohain. Car Hervé Devolder a écrit des musiques qui conviennent aux personnages. Ainsi, les Gévaudan dansent une sorte de bourrée paysanne, Michette le cancan et Léonie chante une romance, qu’un violon sentimental souligne. Catherine Arondel règle des chorégraphies pleines de fantaisie. Et les comédiens chanteurs, dirigés par Hervé Devolder sont épatants. Les musiciens, un pianiste, Thierry Boulanger (ou Daniel Glet), un contrebassiste, Benoît Dunoyer de Segonzac et une violoniste Marianne Devos, derrière un rideau de tulle, les accompagnent.
Les décors de Jean-Michel Adam peuvent se changer à vue ou en un clin d’œil et les costumes de Jean-Daniel Vuillermoz sont congruents aux personnages
Si vous cherchez du travail, on ne vous conseillera pas l’agence de Séraphin, mais si vous êtes déprimé, on vous recommande, non l’établissement de bains de Saint-Galmier, mais le Palais-Royal, vous en sortirez de belle et bonne humeur, en chantant, "à Loches ou à Paris", "quand on rit, on est guéri", et "la santé, ça n'a pas d'prix."
Photos : © Emile Brouchon
Les Fiancés de Loches d’après Georges Feydeau
Comédie musicale d’Hervé Devolder et Jacques Mougenot
Théâtre du Palais-Royal
Du mardi au samedi à 21 h
01 42 97 00 00
18:05 Écrit par Dadumas dans Blog, humour, Littérature, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre du palais-royal, feydeau, devolder, mougenot, comédie musicale | Facebook | | Imprimer